Jephté, la foi quand tout le monde n’en veut pas

Pourquoi ?

Actuellement, nous poursuivons la lecture et les réflexions de l’épître aux Hébreux. Et le chapitre 11 nous invite à imiter la foi de personnes ordinaires qui ont eu une attitude foi remarquable en l’Eternel.

Parmi elles, le juge Jephté est nommé. Et je profite de l’occasion pour mettre le focus sur ce personnage biblique, dont la vie est mal connue.

Hébreux 11. 32-34

32 Et que dirais-je encore?

Le temps me manquerait en effet pour parler de Gédéon, de Barak, de Samson, de Jephthé, de David, de Samuel et des prophètes.

33 Par la foi, ils ont vaincu des royaumes,

exercé la justice,

obtenu la réalisation de promesses,

fermé la gueule de lions, 

34 éteint la puissance du feu,

échappé au tranchant de l’épée,

repris des forces après une maladie,

été vaillants à la guerre,

mis en fuite des armées étrangères.

Jephté connu que pour un évènement

D’une manière commune, tout ce qu’on retient de Jephté, c’est que c’est un fou furieux qui aurait brûlé sa fille suite à un voeu inconsidéré.

Jephté dérange

Mais cela ne colle pas, parce que l’épître aux Hébreux le cite en exemple…

Un texte AT toujours à la lumière du NT

Un texte de l’Ancien Testament est toujours à comprendre à la lumière de l’accomplissement de Jésus (incarnation, mort, résurrection, ascension) donc des Paroles de Jésus et des épîtres.

Ephésiens 2. 20

Donc si une épître nous dit qu’il est un exemple, à nous de ne pas nous fier aux rumeurs mais à ce que dit la Bible sur lui.

Plan développement

Alors pour ne pas être obnubilé par ce sujet du voeu de Jephté, je propose que nous lisions en premier le texte qui pose question, puis voir comment :

#Jephté démontre une foi hors du commun#

####quand tout le monde n’en veut pas####

Des repères sur la période des Juges

Juste avant de lire le passage,

au chapitre 10 du livre des Juges,

quelques repères sur la période particulière des juges qui se situe

• entre la fin de la conquête de Canaan (Josué)
• et le début des premiers rois en Israël (Saül).

La période des Juges alternance d’infidélité et de retour à l’Eternel

La période n’est pas terrible du tout. L’attitude générale du peuple d’Israël ne l’est pas. En effet, les exploits de la conquête de Canaan (comme Jéricho), sous la conduite de Josué devaient être terminés par les 12 tribus d’Israël. Mais au lieu de cela, les tribus ont préféré l’assimilation avec les peuplades qu’ils devaient vaincre. Et ils sont tombés dans l’idolâtrie des religions cananéennes.

Contrat – jugement

L’Eternel, tenant les termes du contrat, souscrit avec Israël, les confronte au jugement de leur attitude d’abandon de Dieu et d’idolâtres.

Cycles du livre des Juges

S’en suit pendant 400-450 ans des cycles où

• l’idolâtrie conduit au jugement par la domination, oppression de nations étrangères (ici les Philistins, Ammonites, Amoréens pendant 18 ans : Juges 10. 6-9 );
• Israël en appelle à l’Eternel (ici Juges 10. 10-16 );
• l’Eternel suscite un juge (ici, c’est pas l’intermédiaire des anciens de Galaad : Juges 10. 17 à 11. 1-11);
• c’est lui, avec l’aide de l’Eternel qui délivre de l’oppression et rétablit le lien avec Dieu (ici Juges 11. 12 -33);
• et s’en suit une période de paix du vivant du juge (ici Juges 12. 7 ).

Ce qui est connu de Jephté

Voilà le contexte de vie dans lequel s’inscrit le récit de Jephté.

Lecture

Juges 11. 29-39

29 L’Esprit de l’Eternel reposa sur Jephthé.

Il traversa Galaad et Manassé, puis il passa à Mitspé de Galaad.

De là, il marcha contre les Ammonites.

30 Jephthé fit un vœu à l’Eternel. Il dit:

«Si tu livres les Ammonites entre mes mains,

31 toute personne qui,

à mon heureux retour de chez les Ammonites, sortira de chez moi pour venir à ma rencontre appartiendra à l’Eternel,

et je l’offrirai en holocauste.»

32 Jephthé marcha contre les Ammonites et l’Eternel les livra entre ses mains.

33 Il leur infligea une très grande défaite, depuis Aroër jusque vers Minnith,

espace qui comptait 20 villes,

et jusqu’à Abel-Keramim.

Les Ammonites furent humiliés devant les Israélites.

34 Jephthé retourna chez lui à Mitspa.

Et voici que sa fille sortit à sa rencontre avec des tambourins et des danses.

C’était son seul enfant:

il n’avait pas de fils et pas d’autre fille.

35 Dès qu’il la vit,

il déchira ses vêtements et dit:

«Ah! ma fille! Tu me jettes dans l’abattement,

tu fais partie de ceux qui me troublent!

J’ai fait un vœu à l’Eternel et je ne peux revenir en arrière.»

36 Elle lui dit:

«Mon père, si tu as fait un vœu à l’Eternel, traite-moi conformément à tes paroles,

maintenant que l’Eternel t’a vengé de tes ennemis, des Ammonites.»

37 Elle dit encore à son père:

«Accorde-moi seulement ceci:

laisse-moi partir pendant deux mois! Je m’en irai,

je me rendrai dans les montagnes et j’y pleurerai ma virginité avec mes compagnes.»

38 Jephthé répondit:

«Vas-y!» et il la laissa partir pour deux mois.

Elle s’en alla avec ses compagnes et pleura sa virginité sur les montagnes.

39 Au bout des deux mois, elle revint vers son père et il accomplit sur elle le vœu qu’il avait fait.

Elle n’avait pas eu de relations avec un homme.

2 évidences :

1) Jephté un juge sans descendance

Il est évident que, contrairement aux autres juges, Jephté est un juge sans descendance. Les retombées de sa victoire sont amputées d’un aspect qui est relevé chez presque tous les juges.

Juste après le récit de Jephté

Notamment, il est cité après l’épisode de Jephté quelques juges dont on ne sait pas grand chose. La seule chose que nous savons, c’est qu’ils ont eu une nombreuses descendance.

Juges 10

3 Après lui se leva Jaïr, le Galaadite, qui fut juge en Israël pendant 22 ans. 4 Il avait 30 fils, qui montaient sur 30 ânons et qui possédaient 30 villes, appelées aujourd’hui encore «bourgs de Jaïr» et situées dans le pays de Galaad.

Juges 12

• Ibtsan de Bethlehem eut 30 fils
• Abdon, fils d’Hillel, le Pirathonite, fut juge en Israël. Il eut 40 fils et 30 petits-fils.

2) Jephté n’a pas brûlé sa fille.

Il est évident que Jephté n’a pas brûlé sa fille. Plusieurs choses nous montrent clairement qu’elle n’a pas été brûlée.

• Le cadre littéraire dans lequel est prononcé ce voeu est imprégné de l’idée de plaire à Dieu.

Et immoler quelqu’un dans une pratique cultuelle fait partie des choses qui font horreur à l’Eternel. Ça ne collerait pas.

• Dieu n’aurait jamais donné la victoire sur un serment de ce type.
• La fille de Jephté va pleurer pendant 2 mois sa virginité et pas le fait d’être tuée.
• Suite à cela, une fête qui perdure est établie en Israël. Jamais de la vie ça n’aurait été instauré sur un évènement idolâtre et tragique.
• Plus tard, nous avons un cas du même type avec Saül qui fait un voeu avec la mort de celui qui mangerait avant la fin du jour et, malheureusement, c’est ce que fait son fils Jonathan. Saül s’apprête à éliminer son fils mais tout Israël s’opposer à Saül qui se ravise. 1 Samuel 14. 24-46 . Ça aurait été vraisemblablement le cas si Jephté était parti dans cette direction.
• Mais l’argument final, c’est que le Nouveau Testament, dans l’épître aux Hébreux, n’aurait jamais pris en exemple de foi une pratique païenne que Dieu considère comme abominable.

Le mot « Holocauste »

Alors que comprendre de ce mot « Holocauste » qui nous dérange dans le texte ?

En grec

Ce terme dans notre lecture nous a dérangés parce que nous en avons l’emploi dans son origine grec. Et, effectivement, « holocauste » en grec a la signification de « tout brûler ».

C’est certainement par la racine de ce mot que l’on a qualifié l’effroyable holocauste des Juifs dans les camps de concentration pendant la seconde guerre mondiale.

Le texte est en hébreu : « monter »

Mais l’original du texte que nous avons lu concernant Jephté n’est pas écrit en grec mais en hébreu.

Et la racine du mot original exprime l’idée de « monter ».

Dans les chapitres suivants,  dans l’histoire de Samson : quand ses parents font un sacrifice de type « holocauste » (Juges 13. 16 ).

Juges 13. 19-20

19 Manoach prit le chevreau et l’offrande, et il fit un sacrifice à l’Eternel sur le rocher. Il se produisit quelque chose de merveilleux, pendant que Manoach et sa femme regardaient: 20 pendant que la flamme montait de l’autel vers le ciel, l’ange de l’Eternel monta dans cette flamme.

L’idée est que ça monte vers le ciel, vers l’Eternel.

Même pour les offrandes holocaustes : « monter »

D’ailleurs, même pour les offrandes brûlées dans leur totalité, les sacrifices holocaustes, le point central est qu’il « monte » une odeur agréable à Dieu.

Jephté veut offrir quelque chose de valeur : « monter »

C’est en ce sens qu’il est utilisé ici. Dans une immense foi dans une immense piété, Jephté avant même le combat, offre à Dieu son adoration.

Une adoration qui coûte

Une adoration qui lui coûtera forcément parce qu’il s’agit de consacrer quelqu’un de sa maisonnée consacré complètement à Dieu. On pense que la personne était consacrée au service pour le Tabernacle. Tout comme Samuel.

Sa fille a été consacrée entièrement à Dieu.

Un grand coût

Et le coût pour Jephté est de ne pas avoir de descendance. Par son voeu, Jephté est un juge sans descendance. Peut-être est-ce en souvenir de cette consécration qu’il y a eu une fête en Israël, pour se  rappeler de cette consécration totale ?

Face à l’opposition de tous, la foi

Pour cette prédication, il fallait trouver un titre. Et j’ai proposé

#Jephté,#

####la foi quand tout le monde n’en veut pas#### 

Jephté rejeté par sa famille et sa tribu

Juges 11. 1-3

Jephté est rejeté

• par sa famille ;
• puis officiellement par le peuple d’Israël.

Il doit vivre à la manière de David quand il était pourchassé par Saül, puis finalement les anciens d’Israël viennent le chercher pour être à la tête des troupes face à l’envahisseur.

Il veut être chef mais avec l’Eternel

Juges 11. 9

Ce qui est remarquable dans son attitude, c’est qu’il ne cherche pas la revanche sur le destin. Mais il assume cette responsabilité si c’est avec l’Eternel. Il est d’ailleurs mis dans ses nouvelles fonctions en présence de l’Eternel.

Il connaît très bien l’histoire d’Israël

Juges 11. 14-27

L’autre aspect qui est remarquable et qui est à mettre au crédit de sa foi, c’est son excellente connaissance de l’histoire d’Israël. Et il va mettre ce savoir au service de la diplomatie : plutôt que de faire parler les armes tout de suite, il cherche à faire entendre raison aux ennemis d’Israël qui ne l’écoutent pas ; alors s’en suit une bataille qu’il remporte appuyé par Dieu.

Juges 11. 29 et 32-33

Personne de dialogue

Juges 12. 1-3

De retour de la bataille, la tribu d’Ephraïm se vexe, une fois que Jephté revient victorieux, sous prétexte qu’il ne les aurait pas convoqués pour se joindre aux troupes – ce qui est faux – c’est eux qui ont attendu de voir comment le vent tournerait. Là encore, Jephté essaie de les raisonner.

Guerre civile

Malheureusement, ils n’écoutent rien et s’en suit une bataille entre tribus d’Israël.

Juges 12. 4-6

Ce qui en dit long de l’état dans lequel étaient les tribus :

• sanguinaires pour s’entretuer,
• frileuses et assimilées face à l’ennemi.

Jephté une référence de foi

Jephté a une foi ferme quand ce qui devrait être le peuple de Dieu ne l’a  pas, dans un contexte d’opposition

• familiale,
• nationale
• et internationale.

Jephté nous montre qu’il s’attend à l’Eternel

• pour faire ses choix
• et pour agir.

Face à la grandeur de Dieu, Jephté montre une adoration qui coûte.

Et pour nous ?

Comment ce texte doit nous rejoindre nous maintenant, en 2024 ?

Et c’est pour cela qu’il a été consigné dans la Bible…

Réaction face à une injustice familiale

Est-ce que quand notre propre famille nous a fait un sale coup et que la situation s’inverse nous montrons-nous intraitables ? Ou laissons-nous exprimer notre foi en Dieu ? La grâce plutôt que l’expression de la  rancoeur ?

– « Oui mais tu ne sais pas ce qu’ils m’ont fait. »

C’est vrai !

Mais Jephté a été

• renié,
• déshérité,
• chassé de son pays, avec l’appui d’un soutien juridique.

Mais il s’en est remis a Dieu quand la situation lui était devenue  favorable.

Quand le peuple de Dieu défend son assimilation

Les tribus d’Israel sont plus soucieuses de défendre leur confort. Face à ceux qui devraient normalement refléter Dieu et qui en sont loin, recherchons-nous à refléter la vraie foi ? Ou sommes-nous tellement assimilés que nous sommes prêts à nous opposer à ce qui est clairement marqué dans la Bible ? Ça se remarque facilement sur les choix de vie. Beaucoup d’aspects de vie que l’on qualifie de « progressiste »,

qui n’ont d’ailleurs rien de progressiste c’est un N^ième relent ou retour des pratiques ancestrales ;

mais face à ces propositions, essaie-t-on de s’y assimiler, voire de les inclure dans nos pratiques de foi ?

Jephté a pris position

Jephté a dû s’opposer

• aux peuplades qui imposaient une vision de la vie que l’Éternel ne  tolère pas
• et au peuple d’Israël qui s’y était assimilé.

Et nous ?

Et nous, notre foi est-elle balancée par toutes les tendances ? Ou est-elle ancrée en Dieu, par ce qu’Il nous dit clairement dans la Bible.

#L’engagement avec Dieu#

####n’est pas un loisir de plus dans nos programme hyper rempli####

L’engagement n’est pas un loisir de plus

L’engagement de Jephté lui a coûté beaucoup. Sur le plan familial, c’est évident. Et nous, notre foi, qu’est-ce qu’elle nous coûte ?

J’ai de plus en plus l’impression qu’on est ok pour Dieu,

         quand on aura le temps,

         quand on aura fini de se consacrer et de financer ses projets (qui sont toujours de plus en plus nombreux) !

Surtout mon engagement est certain

quand il ne vient pas perturber

• mon hédonisme,
• mon confort,
• mes loisirs,
• ma famille.

#L’engagement avec Dieu#

####n’est pas un loisir spirituel en plus des autres loisirs####

Bernadette Chirac a pu faire de belles choses avec les pièces jaunes, c’est à dire les centimes qu’on ne voulait pas.

Dieu fait aussi avec les pièces jaunes de ce qu’on lui laisse en

• attention,
• temps
• et moyens.

« La foi d’accord mais il ne faut pas trop qu’elle me coûte… »

Je comprends bien mieux pourquoi Dieu nous cite Jephté comme exemple de foi à imiter.