Apocalypse #8 : Dieu juge la terre et les habitants de la terre chap. 8

Apocalypse #8 : Dieu juge la terre et les habitants

prédication Apocalypse 9 : Pierre Constant, 2022_01_24, église AB Lausanne

titre : Apocalypse #8 : Dieu juge la terre et les habitants de la terre chap. 8

Résumé : C’est ainsi que l’ouverture du 7e sceau, après la description d’un grand jugement lors de l’ouverture du 6e sceau (Apocalypse 6.12-17 ), donne lieu à un silence d’une demi-heure, suivi d’un nouveau cycle de 7 jugements, les trompettes. D’une certaine manière, le 7e sceau se compose des trompettes qui suivent. Parfois, il s’agit d’attendre avec patience le secours de Dieu (Psaumes 37.7 , 39.2). Parfois, garder le silence devant Dieu signifie reconnaître Sa toute-puissance, Sa souveraineté :

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«Je regardai et j’entendis un aigle qui volait très haut dans le ciel et qui disait d’une voix forte: «Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre à cause des autres sonneries de trompette, celles que les trois anges vont encore faire retentir!».» Apocalypse 8. 13


« L’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi, comme un héros qui sauve; Il fera de toi sa plus grande joie; Il gardera le silence dans son amour; Il aura pour toi des transports d’allégresse. » Sophonie 3.17

Introduction

La dernière fois, nous avons parcouru l’ouverture des six premiers sceaux et ensuite l’interlude du chapitre 7 décrivant l’identité du peuple de Dieu. Nous avons vu que Jean présente le peuple de Dieu sous deux aspects : comme étant le véritable Israël de Dieu (Apocalypse 7.1-8 ) et ensuite comme une grand foule ou une grande multitude de rachetés de tous peuples et de toutes langues, glorifiant Dieu pour son salut, lui rendant un culte jour et nuit, l’accomplissement des promesses faites aux pères, le peuple de l’Agneau agissant maintenant à titre de berger (Apocalypse 7.9-17 ).

A. L’ouverture du 7e sceau (Apocalypse 8.1 )

À titre de rappel, nous avons aussi vu que la relation entre les sceaux, les trompettes et les coupes n’était pas nécessairement selon une séquence chronologique mais que chacune des heptades, chacun des groupes de sept (jugements), reprenait essentiellement l’ensemble des jugements de Dieu sur les habitants de la terre, c.-à-d. sur un monde préférant les ténèbres à la lumière.

C’est ainsi que l’ouverture du 7e sceau, après la description d’un grand jugement lors de l’ouverture du 6e sceau (Apocalypse 6.12-17 ), donne lieu à un silence d’une demi-heure, suivi d’un nouveau cycle de 7 jugements, les trompettes. D’une certaine manière, le 7e sceau se compose des trompettes qui suivent.

Le thème du silence dans l’AT prend différentes couleurs. Parfois, il s’agit d’attendre avec patience le secours de Dieu (Psaumes 37.7 , 39.2).

Parfois, garder le silence devant Dieu signifie reconnaître Sa toute-puissance, Sa souveraineté :

« Iles, faites silence pour m’écouter, Que les peuples raniment leur force, Qu’ils avancent, et qu’ils parlent. Approchons pour plaider ensemble » (Ésaïe 41.1 ), ou encore « L’Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui » (Habakuk 2.20 ). « Silence devant le Seigneur, l’Éternel ! Car le jour de l’Éternel est proche » (Sophonie 1.7 ). « Que toute chair fasse silence devant l’Éternel ! Car il s’est réveillé de sa demeure sainte » (Zacharie 2.13 ).

Le silence communique aussi le fait que Dieu fasse taire Ses ennemis.

« [L »Éternel] fera retomber sur eux leur iniquité, il les réduira au silence par leur méchanceté ; L’Éternel, notre Dieu, les réduira au silence » (Psaume 94.23 ). « Assieds-toi en silence, et va dans les ténèbres, Fille des Chaldéens, On ne t’appellera plus la souveraine des royaumes » (Ésaïe 47.5 ).

Dans une perspective contraire, l’absence de silence de la part de Dieu évoque parfois l’idée de jugement :

« Il vient notre Dieu, il ne reste pas en silence ; Devant lui est un feu dévorant, Autour de lui une violente tempête » (Psaume 50.3 ).

Le fait que Dieu brise le silence signifie qu’Il passe à l’action. « O Dieu; ne reste pas en silence ! Ne te tais pas, et ne repose pas, ô Dieu » (Psaume 83.1 ).

Cependant, dans le cas présent, nous ne sommes pas sur terre, mais dans le ciel alors que le 7e sceau est rompu. C’est d’un silence céleste dont il s’agit. Que se passe-t-il lorsque les cieux se taisent ? On lit dans Sophonie 3.17 :

« L’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi, comme un héros qui sauve; Il fera de toi sa plus grande joie; Il gardera le silence dans son amour; Il aura pour toi des transports d’allégresse. »

Le silence de Dieu est à interpréter ici comme un temps de calme, un temps de repos, le temps de reprendre son souffle avant de subir d’autres jugements. Après les sceaux – images de jugements – viennent d’autres jugements : les trompettes.

B. La préparation aux trompettes (Apocalypse 8.2-6 )

Jean voit sept anges se tenant devant Dieu, à qui sept trompettes sont remises. Le verbe est à la voix passive, indiquant encore une fois que leur autorité leur vient de quelqu’un d’autre, de Dieu Lui-même.

  1. Mais avant même que les anges ne sonnent chacun de leur trompette, un autre ange vient se placer sur (ou en face de, devant) l’autel, tenant un encensoir. Un encensoir contient habituellement des braises, sur lesquelles on saupoudre de l’encens. L’ange reçoit beaucoup de parfums pour les offrir sur l’autel d’or devant le trône. La Colombe traduit ici : « avec les prières de tous les saints » (Apocalypse 8.3 d) ; on trouve la même chose au v. 4 : « La fumée des parfums monta, avec les prières des saints. » On peut toutefois aussi traduire, plus exactement selon moi, au v. 3: « On lui donna beaucoup de parfums pour les offrir, qui sont les prières de tous les saints. » De même au v. 4 : « La fumée des parfums monta, qui sont (ou c.-à-d.) les prières des saints. »

Certains voient dans cet ange qui offre les parfums nul autre que Jésus-Christ Lui-même, officiant ici à titre de grand-prêtre et officiant en faveur des Siens. La chose est loin d’être assurée cependant. Notons que les prières ne sont pas offertes aux anges (thème fréquent dans la littérature apocalyptique) ; l’ange ne fait que les présenter à Dieu. On ne saurait justifier la prière aux anges (ou aux morts) sur une base si fragile.

Quoiqu’il en soit, l’association entre les parfums et les prières n’est pas difficile à faire. Voir par exemple Luc 1.10 : « Toute la multitude du peuple était dehors en prière, à l’heure du parfum. »

Quoique le parfum dans l’AT puisse être employé pour faire l’expiation d’un péché (cf. Nom 16.46-47 ), les parfums pouvaient symboliser les prières du peuple de Dieu (cf. Luc 1.9-10 ). Notons cependant qu’il n’est pas précisé si l’autel sous lequel se trouvent les âmes des martyrs dans Apocalypse 6.9 est un équivalent céleste de l’autel des parfums.

Ce que nous savons, par contre, c’est que l’ange se tenant devant l’autel mentionné dans Apocalypse 8 offre à Dieu les prières de tous les saints. Il prend ensuite des braises de l’autel et les jette sur la terre. En réponse à ce geste, on lit qu’il y eut « des tonnerres, des voix, des éclairs et un tremblement de terre. »

Éclairs, voix et tonnerres ont déjà été mentionnés en Apocalypse 4.4 en rapport avec la sainteté de Dieu. Jumelés à un tremblement de terre (symbole de jugement en Apocalypse 6.12 ), ils symbolisent des jugements. La même chose se produit lorsque sonne la septième trompette (Apocalypse 11.19 ) : éclairs, voix, tonnerres et tremblements de terre, auxquels s’ajoute aussi une forte grêle, un autre symbole de jugement (on pense aux dix plaies en Égypte).

2. Quelques mots au sujet de la signification des trompettes.

Les trompettes sont interprétées de manière différente selon les approches interprétatives dont nous avons parlé lors de notre première rencontre :

Selon l’approche prétériste, ces trompettes correspondent aux désastres infligés d’Israël lors de l’invasion romaine pendant les années 66-70. La sixième trompette correspond à la chute de Jérusalem en l’an 70.

Selon l’approche historique, ces trompettes correspondent à des invasions barbares contre l’empire romain, notamment les invasions perpétrées par les Vandales, les Huns, les Sarrasins et les Turcs. La sixième trompette correspond à la chute de Constantinople en l’an 1453.

Selon l’approche futuriste, les trompettes représentent soit littéralement soit symboliquement des calamités et des fléaux qui tomberont sur les humains lors de la grande tribulation de 7 ans qui suit l’enlèvement de l’Église. Certains vont même jusqu’à voir des fléaux résultant d’un mauvais usage de la technologie humaine, dont l’arme atomique.

Selon l’approche idéaliste, ces catastrophes s’étendent sur toute la période entre la première et la deuxième venue de Jésus, et mettent en lumière l’endurcissement du cœur humain qui refuse de se repentir.

Dans l’AT, les trompettes étaient employées à différents escients :

Le son de la trompette signifiait parfois la présence de Dieu, la sainteté de Dieu (Exode 19.13 , 16, 19, 20.18) ou des réjouissances en présence de Dieu (2 Samuel 6.15 ). Les trompettes étaient aussi employées pour proclamer un nouveau roi (2 Samuel 15.10 , 20.1, 1 Rois 1.34 , 39, 2 Rois 9.13 ).

On signalait des fêtes ou des occasions spéciales au son des trompettes (le début de l’année civile – Lévitique 23.24 ; le premier jour de l’année du Jubilé – Lévitique 25.9 ).

Les trompettes étaient également employées pour diriger le mouvement des troupes, lors des guerres (Juges 6.34 ; 2 Samuel 2.28 ), la levée du camp, pour signaler les fêtes, les nouvelles lunes et ainsi de suite (Nombres 10 )…

Lors de certaines guerres, le son des trompettes signifiait, aux oreilles des ennemis d’Israël, le jugement de Dieu venant sur eux (on pense à la bataille contre les Madianites en Nombres 31 , ou encore la bataille à Jéricho – Josué 6 ). Voir aussi 2 Chroniques 13.12 , Jérémie 4.5 , 19, 21, Osée 5.8, 8.1, Amos 2.2 , 3.6, Sophonie 1.16 .

Paul parle aussi du son de la trompette, lorsque les morts en Christ ressusciteront (1 Thessaloniciens 4.13-18 ).

3. En rapprochant le symbolisme des trompettes de sa signification fréquente dans l’AT, il m’apparaît que l’ange offrant des parfums et jetant ensuite du feu sur terre signifie deux choses en particulier :

Ce qui est sur le point de se produire est de nouveau une série de jugements. Après six sceaux symbolisant une série de jugements sur les êtres humains, nous voici en présence d’une autre série de jugements, après un court répit.

Ces jugements sont intimement liés aux prières des saints, déjà évoquées lors du cinquième sceau. Les saints criaient à Dieu d’une voix forte et demandaient justice (Apocalypse 5.9-10 ). Allant dans le même sens que cette vision du cinquième sceau, les sept trompettes sont en fait une série de jugements, présentés ici comme réponse divine à la prière des saints. Dieu exerce Ses jugements et venge le sang de Ses serviteurs.

4. Si nous lisons le récit des sept trompettes à titre de réponse de Dieu aux prières de Ses enfants morts martyrs, ceci nous conduit à un principe important à propos de l’interprétation des trompettes : ces trompettes ne sont pas nécessairement à rapprocher d’événements précis dans l’histoire humaine. La chose n’est pas impossible, mais rien dans le texte ne vient obliger cette interprétation.

Le but de ces deux chapitres (Apocalypse 8 –9) n’est pas d’annoncer sous forme imagée une série d’événements précis ; plutôt que de tenter de faire équivaloir telle trompette à tel événement de l’histoire, ces trompettes sont plutôt à comprendre dans la perspective des jugements sur les êtres humains, en réponse à la prière des saints. Le point central est ici la signification théologique (et non historique) des trompettes. Tenter de lire le récit des trompettes comme une série de prédictions d’événements futurs ne correspond tout simplement pas à leur fonction dans le genre littéraire apocalyptique.

Cette section de l’Apocalypse n’est pas d’abord et avant tout une série de prédictions, qu’il convient de faire correspondre à des événements subséquents ; elle est une annonce des jugements de Dieu en réponse aux souffrances de Son peuple. Bien que certaines trompettes peuvent évoquer des événements du premier siècle, il faut nous garder du désir de faire correspondre à tout prix ces trompettes à des événements précis dans l’histoire humaine.

Ce rapprochement entre les trompettes et des événements précis de l’histoire est une erreur herméneutique (au plan de l’interprétation) commise par les trois premières approches mentionnées ci-dessus. Il me semble plutôt que l’interprétation dite idéaliste est celle qui corresponde le mieux au genre littéraire de cette section-ci du livre de l’Apocalypse.

C. Les six premières trompettes (Apocalypse 8.7-21 )

1. Un mot à propos de la structure de cette section

Tout comme les sceaux répondaient à une structure 4 + 3, de même les trompettes sont groupées de  manière semblable ; on a rapidement les quatre premières trompettes (Apocalypse 8.7-12 ), suivies de l’apparition d’un aigle volant dans le ciel et annonçant trois autres malheurs (les trois dernières trompettes). Le récit de la cinquième trompette s’étend sur plusieurs versets (Apocalypse 9.1-12 , dont la fin est signalée par le rappel que le premier malheur est passé – 9.12). Le récit de la sixième trompette s’étend lui aussi sur plusieurs versets (Apocalypse 9.13-21 ). La septième trompette ne sonne qu’en Apocalypse 11.15-19 , séparée des six autres par un long interlude (Apocalypse 10.1 –11.13 et le signal que le second malheur est passé et que le troisième vient bientôt – Apocalypse 11.14 ).

Ainsi donc, de la même manière que les sceaux correspondaient à une cadence 4 + 3, ou plutôt 4 + 2 + (interlude) + 1, le même genre de cadence est suivi pour les trompettes : 4 + 3, ou plus précisément 4 + 2 + (interlude) + 1. Un coup d’œil au tableau des heptades montre cette réalité de manière visuelle.

2. Les quatre premières trompettes (Apocalypse 8.7-12 )

En rapide succession, Jean présente quatre anges sonnant les quatre premières trompettes :

  1. Au son de la première trompette par le premier ange, feu et grêle sont jetés sur terre, de sorte que le tiers de la terre, le tiers des arbres et toute herbe verte sont consumés (Apocalypse 8.7 ). La forme de ce jugement rappelle fortement une des plaies d’Égypte, la septième (Exode 9.23-24 ), où feu et grêle sont mentionnés trois fois en deux versets. Cet épisode est également rappelé aux Psaumes 78.48 , 105.3. Feu et grêle apparaissent de nouveau comme signe du jugement de Dieu aux Psaumes 18.12-13 , 148.8. Enfin, Ézéchiel 38.22 reprend la même image pour annoncer la destruction de la ville de Gog, dans le pays de Magog.

Il convient de noter ici que si le feu et la grêle étaient à comprendre au sens littéral, lors de la septième plaie d’Égypte, cela ne signifie pas nécessairement qu’il faille entendre feu et grêle au sens littéral, ici aussi. Régulièrement, Jean renvoie à l’AT, mais rappelons-nous qu’il écrit dans un genre littéraire pour lequel peu d’éléments sont à entendre au sens littéral. Une interprétation littérale de la grêle et du feu se bute au genre littéraire apocalyptique.

b. Le son de la deuxième trompette mène à la chute d’une sorte de grande montagne embrasée dans la mer. Loin d’être une bombe atomique ou une météorite tombant dans la mer (rappelons-nous qu’un texte de l’Apocalypse ne peut signifier aujourd’hui ce qu’il n’a jamais pu signifier au premier siècle), ce qui retient l’attention est le résultat : le tiers de la mer devient du sang, le tiers des créatures qui y vivent périt, de même que le tiers des navires. Les jugements de Dieu sont sévères, mais ils n’atteignent pas la totalité de la création.

Notons de nouveau l’allusion à une plaie d’Égypte, la première (Exode 7 ). Tout comme l’eau du Nil a été changée en sang et que les poissons ont péri, de même ce jugement divin dirigé contre la mer fait plusieurs victimes.

c. Le son de la troisième trompette amène un autre jugement : une grande étoile brûlant comme un flambeau tombe du ciel et touche, non seulement la mer, mais aussi le tiers des fleuves et des sources d’eau. Beaucoup d’hommes périssent à cause de cette étoile dont le nom est Absinthe (Poison).

L’image de l’absinthe, un poison puissant tiré d’une racine (Deutéronome 29.17 ) et liée à l’eau en Jérémie 9.15 , 23.15, évoque un jugement de Dieu contre Son peuple ou contre Ses prophètes. Mais vouloir interpréter cette étoile brûlante comme des centrales nucléaires ou des météorites se rapproche plus de la fantaisie que du symbolisme apocalyptique.

d. La quatrième trompette amène le soleil, la lune et les étoiles à perdre le tiers de leur clarté. Il en est de même pour la clarté de la nuit. Encore ici, le langage est symbolique. Souvent dans l’AT, les éléments de la création servent de signe déclarant les jugements de Dieu (cf. Joël 2 ).

L’approche prétériste cite, avec raison, des échos vétérotestamentaires, tels que Ésaïe 13.9-10 : « Voici le jour de l’Éternel qui arrive, (Jour) cruel, (jour) de courroux et d’ardente colère, Qui réduira la terre en désolation, Qui en exterminera les pécheurs. Car les étoiles des cieux et leurs constellations Ne feront plus briller leur lumière, Le soleil s’obscurcira dès son lever, Et la lune ne fera plus luire sa lumière. » Cependant, de manière globale, cette approche restreint la signification de ces jugements à un jugement sur le peuple et le pays d’Israël au premier siècle, une restriction difficile à soutenir à moins d’avoir adopté cette approche interprétative au préalable.

Plutôt que de chercher un équivalent physique à ces symboles (nuages nucléaires obscurcissant le soleil et ainsi de suite…), reconnaissons une fois de plus la portée symbolique de ce texte : Dieu juge la terre et ses habitants. Ce langage se rapproche de celui de Jésus dans Son discours eschatologique : « Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles ; et sur la terre, une angoisse des nations qui ne sauront que faire au bruit de la mer et des flots ; les hommes rendront l’âme de terreur dans l’attente de ce qui surviendra pour la terre, car les puissances des cieux seront ébranlées » (Luc 21.25-26 ).

Cette série de quatre jugements annoncés par les trompettes est interrompue – au v. 13 – par un triple « malheur, malheur, malheur » prononcé par un aigle volant au milieu du ciel, une déclaration correspondant aux trois trompettes encore à venir. Si les quatre premières trompettes ont donné lieu à des jugements terribles, les jugements à venir le sont encore plus !

3. Les cinquième et sixième trompettes (Apocalypse 9 )

Tel que noté précédemment, les 5e et 6e trompettes sont beaucoup plus détaillées.

  • La cinquième trompette fait état d’une étoile tombée du ciel sur la terre (Apocalypse 9.1 ). Une fois tombée, elle reçoit la clé de l’abîme et en ouvre le puits. Il s’en dégage une fumée comme la fumée d’une grande fournaise (rappelons-nous que nous sommes en plein langage symbolique), une fumée telle que le soleil et l’air en sont obscurcis (Apocalypse 9.2 ). Hors de cette fumée apparaissent des sauterelles (Apocalypse 9.3 ) qui, contrairement aux catastrophes évoquées par les quatre premières trompettes, touchent maintenant seulement les êtres humains et non les éléments de la création.
  1. Dans l’AT, les sauterelles apparaissent souvent comme agents du jugement de Dieu : Exode 10 , Deutéronome 28.38 , 1 Rois 8.37 , 2 Chroniques 7.13 , Psaume 78.46 , Ésaïe 33.4 , Jérémie 46.23 , 51.14. Elles symbolisent à la fois un très grand nombre d’ennemis, un fléau total auquel rien n’échappe, un ravage complet (Amos 4.9 , Nahum 3.15-17 ).

2. La mission de ces sauterelles (Apocalypse 9.4-6 ) : s’attaquer seulement aux êtres humains afin, non de les tuer, mais de les tourmenter et d’un tel tourment que les êtres humains préféreront mourir, plutôt que de rester en vie. Notons qu’il s’attaque aux habitants de la terre (Apocalypse 8.13 ), c.-à-d. à ceux qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leur front (le peuple de Dieu mentionné en Apocalypse 7.3-8 ; on trouve ici une allusion probable à Ézéchiel 9.3-4 ). Encore une fois, nous voyons la division entre deux groupes : ceux qui sont scellés du sceau de Dieu et qui subissent la colère de Satan et ceux qui sont marqués du sceau de la bête et qui subissent la colère de Dieu. Le livre de l’Apocalypse n’est pas un livre pour faire peur mais pour avertir (les non-croyants) et pour réconforter les croyants !

3. La description de ces sauterelles (Apocalypse 9.7-10 ) : Jean décrit ces sauterelles de manière détaillée, non pas pour nous donner des indices quant à leur identité mais pour en décrire la férocité : couronnes d’or sur la tête, visages humains, cheveux de femmes, dents de lion, poitrails de fer, bruit de leurs ailes, queues meurtrières comme des scorpions et des aiguillons. Les hypothèses ne manquent pas pour les rapprocher de machines de guerres à différentes époques (incluant des hélicoptères !). Plus tôt dans l’Apocalypse, Jean avait décrit sa vision de Jésus, en utilisant là aussi beaucoup de détails (Apocalypse 1.13-16 ), sans qu’il faille tenter de décrire toutes les composantes de la vision.

4. L’identité de ces sauterelles : celle-ci ne peut être effectuée par leur description fournie aux vv. 7-10 ; l’identité des sauterelles peut s’effectuer sur une base plus solide, par l’identité de leur chef, qui nous est donnée au v. 11 : « Elles ont comme roi l’ange de l’abîme, dont le nom hébreu est Abaddon et qui en grec se nomme Apollyon. »

Ces deux termes signifient tous deux destruction, perdition. Les sauterelles sont au service de l’ange de l’abîme, du destructeur. Celui-ci ne peut être nul autre que Satan lui-même. Ses serviteurs sont donc, selon toute vraisemblance, non pas des machines de guerres mais des démons. Ils ne s’attaquent pas à la création mais aux êtres humains ! Leur œuvre est beaucoup plus insidieuse, tourmentant les êtres humains sans les faire mourir. Contrairement à des sauterelles qui ne toucheraient pas aux êtres humains mais seulement à la végétation, ces sauterelles ne s’attaquent qu’aux êtres humains et leur infligent des tourments plus douloureux que la mort elle-même. Pas étonnant que l’aigle ait annoncé un « malheur aux habitants de la terre » (Apocalypse 8.13 ).

Les cinq mois que dure leur tourment correspond à la vie moyenne d’une sauterelle dans cette partie du monde. Cette durée est employée ici de manière métaphorique pour évoquer la portée limitée de leur œuvre funeste.

b. La sixième trompette décrit un deuxième « malheur » : une voix sortant de l’autel communique l’ordre de délier les quatre anges enchaînés sur l’Euphrate. Gardons-nous encore une fois de chercher des équivalences historiques ou géographiques précises, comme si Jean signifiait une invasion venant de Babylone ou de l’Assyrie (l’Iran ou l’Irak des temps modernes).

Ces anges, prêts pour un moment déterminé, sont à la tête d’une armée innombrable, deux myriades de myriades (2 X 10 000 X 10 000 = 200 000 000 = 200 millions). C’est un nombre que Jean entend, tout comme il avait entendu le chiffre de 144 000 (Apocalypse 7.4 ).

Ce que Jean voit, cependant, ce sont des cavaliers montés sur des chevaux. Fait intéressant : Jean s’attardera à décrire les chevaux beaucoup plus que les cavaliers (Apocalypse 9.17-19 ) : cuirasses couleur de feu, d’hyacinthe et de soufre ; têtes de lion, feu – fumée – soufre sortant de leur bouche, queues semblables à des serpents, queues ayant des têtes malignes. La description du pouvoir de la queue et de la bouche des chevaux (Apocalypse 9.19 ) rappelle celui de la queue des sauterelles (Apocalypse 9.10 ).

Ils ont le pouvoir de détruire le tiers des hommes (Apocalypse 9.15 , 18). En fait, le mot « tiers » est employé 14 fois aux chapitres 8–9 de l’Apocalypse. Il désigne une limite aux jugements de Dieu ; bien que terribles, ces fléaux épargnent des gens.

Cependant, les ténèbres spirituelles sont si denses que les autres ne se repentent pas

(Apocalypse 9.20-21 ). Jean affirme à trois reprises :

  • ils ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains ;
    • ils ne cessèrent pas d’adorer les démons et les idoles ;
      • ils ne se repentirent pas de leurs meurtres, sortilèges (pharmakon), inconduite (porneia), vols.

En raison des ressemblances entre les sauterelles et les cavaliers et leurs chevaux (5e et 6e trompettes), il y a fort à parier que ces deux malheurs décrivent tous deux des hordes démoniaques, à qui Dieu Lui-même accorde la permission d’affliger de fléaux les êtres humains. Ces fléaux, tout comme l’ensemble de trompettes, arrivent en guise de jugement de Dieu et sont en réponse aux prières des Siens.

Les deux premiers malheurs (= 5e et 6e trompettes) renvoient donc au même genre d’événements : un jugement divin sous la forme de hordes de démons qui s’attaquent aux êtres humains.

Conclusion

Le message central de cette série de trompettes est donc double (et même triple) :

  • Dieu inflige Ses jugements sur les habitants du monde tout en préservant les Siens de Sa colère.
  • Les jugements ne Dieu ne conduisent pas les habitants du monde à la repentance, bien au contraire.

Dieu juge les habitants de la terre en raison de Sa sainteté et en réponse à la prière des Siens.