Les Réveils Dans la Bible : à Sychar
prédication Évangile selon Jean 4 : H. E. Alexander, 1950_09_11, église AB Lausanne
titre : Les Réveils Dans la Bible : à Sychar
Résumé : Les Réveils Dans la Bible : à Sychar Le Réveil à Sychar Le réveil à Sychar contraste avec celui de Ninive, et tout le récit fait ressortir l’avertissement de notre Seigneur : « Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois jusqu’à la moisson ? Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez […]
Le Réveil à Sychar
Le réveil à Sychar contraste avec celui de Ninive, et tout le récit fait ressortir l’avertissement de notre Seigneur : « Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois jusqu’à la moisson ? Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson » ( Jean 4 : 35 ). Tout est absolument sans faille dans le service du Seigneur Jésus et dans cette simple et belle scène du Nouveau Testament. La puissance de vie qui est dans le Fils déclenche quelque chose de parfait ! La conversation avec la femme de Samarie, les paroles adressées aux disciples, le contact avec les hommes de Sychar, tout porte la marque divine.
Le Seigneur a choisi cet événement pour donner un des enseignements les plus importants des Evangiles à propos de l’oeuvre missionnaire. Dans la société d’alors, la femme n’avait pas de place, encore moins une femme de ce type. Néanmoins le Seigneur a vu en elle l’immense moisson qui allait suivre au jour de la Pentecôte. Il vous voyait déjà dans cette âme, il voyait la multitude des païens qui devaient entrer dans l’Eglise. Quatre pensées se dégagent de ce magnifique récit :
- L’heure du réveil
- Les obstacles au réveil
- Les sources du réveil
- La manifestation du réveil
1. L’heure du réveil
Nous savons que l’heure du réveil approche et que la moisson est mûre lorsqu’il y a détresse et angoisse, lorsque les appuis séculaires tombent en ruine et que les gens ne savent plus où se tourner et à qui se livrer. Alors la souffrance et les difficultés s’intensifient tellement que le coeur humain se laisse toucher par la grâce de Dieu ou s’endurcit définitivement.
- Que signifie le mot moisson dans la Bible ? Il est employé comme une image des temps de jugement (cf. Apocalypse 14 : 15-16 ), sauf en Matthieu et en Jean où le Seigneur lui donne un sens de grâce.
Ainsi, comme il avait conscience de l’ignorance de Nicodème à propos de la nouvelle naissance – ce docteur en théologie profondément respecté n’était pas un hypocrite – il savait d’avance ce qui pesait sur le coeur de la Samaritaine. Au chapitre 5, nous trouvons un homme malade depuis trente-huit ans qui attendait le mouvement de l’eau pour être guéri. Quel tableau de l’homme sous la loi, conditionné par les autres, par les circonstances, faible et toujours paralysé ! Au chapitre 6, nous voyons une multitude affamée que les disciples voulaient renvoyer pour acheter de quoi man- ger. Mais Jésus n’agit pas ainsi. Il connaît les besoins de la foule et a le pouvoir de les satisfaire dans leur totalité. Au chapitre 7, c’est la fête à Jérusalem. La ville sainte est envahie par des gens religieux qui accomplissent leurs devoirs sincèrement et loyalement. Mais cela ne les rapproche pas du Sauveur, au contraire, puisqu’ils travaillent pour gagner leur salut. Un monde lassé de sa religion et qui soupire après l’année suivante, en espérant mieux. Dans ce contexte, Jésus se manifeste comme celui qui rafraîchit et enlève les fardeaux (cf. Jean 7 : 37-39 ). - Mais allons plus loin, car l’Evangile de Jean est rempli du même message jusqu’au chapitre 12. Au chapitre 8 apparaît un triste cas; triste non pas à cause de la femme adultère, mais à cause des hommes qui l’accusent. Jésus ne leur dit pas un mot et se contente d’écrire leurs péchés par terre, parce qu’il n’engage pas de dialogue avec les hypocrites. Vous connaissez la suite : touchés dans leur conscience, ces hommes partent l’un après l’autre, et Jésus se trouve seul avec la femme pour lui accorder sa grâce, car il est venu pour sauver et non pour juger. Dans ces différents cas, la moisson était mûre, l’heure du réveil était venue. Et pour tous ceux-là Jésus dit que l’heure vient (cf. 4: 21). Ne répétons pas comme les disciples qu’il y a encore quatre mois; ne prenons pas le risque de nous trouver avec ceux qui disent : « La moisson est passée, l’été est fini, et nous ne sommes pas sauvés » (Jérémie 8 : 20 ).
2. Les obstacles au réveil
« Le Seigneur sut que les pharisiens avaient appris qu’il faisait et baptisait plus de disciples que Jean » (Jean 4 : 1 ). Rempli de sagesse, celui qui discerne les intentions de tous les hommes, y compris celles des pharisiens et des disciples, quitte la Judée pour la Galilée. Arrêtons-nous sur ce fait.
- Ainsi l’envie naît déjà chez les pharisiens ! Ailleurs, dans les Evangiles, nous découvrons des rivalités entre les disciples du même Maître et entre les parents des disciples. Existe-t-il un climat de concurrence entre nos Œuvres, entre chrétiens dans leur travail pour des questions de nombre, de place, de prestige ? Ces conflits engendrent la méfiance et les animosités et font barrage à tout mouvement de réveil. Souvenez-vous de ce qu’a dit le Maître : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Marc 9: 35 ). Savez-vous que cet esprit de division peut empêcher le réveil en Nicodème, faire obstacle à la délivrance de la femme samaritaine, obliger l’homme malade depuis trente-huit ans à recommencer une trente-neuvième année d’infirmité, écarter la possibilité de nourrir la foule, retenir les fleuves d’eau vive de couler ?
- Mais ce n’est pas tout, nous lisons en Jean 4: 27 : « Là-dessus arrivèrent ses disciples, qui furent étonnés de ce qu’il parlait avec une femme. Toutefois aucun ne dit : Que demandes-tu ? ou : De quoi parles-tu avec elle ? » Le Seigneur touche le coeur de la Samaritaine d’une façon toute divine et dévoile la racine du mal dans sa vie avec douceur et fermeté; quant aux disciples, ils arrivent avec leurs connaissances, leurs expériences, leurs habitudes et leurs moeurs… Stupéfaits de voir le Sauveur du monde parler avec cette femme, ils font preuve de dureté et d’égoïsme vis-à-vis des hommes et de Dieu. Nous gardons trop souvent pour nous les bénédictions dont nous avons été enrichis, et nous jugeons avec ignorance et prévention ceux que l’amour du Seigneur veut gagner. Que diriez-vous si vous appreniez la conversion d’une personne que vous considérez comme indigne et souillée ? Quand le réveil vient, Dieu fait des choses surprenantes qui humilient l’homme et mettent à nu son orgueil.
- Un autre obstacle au réveil, c’est l’incompréhension des disciples : « Pendant ce temps, les disciples le pressaient de manger, disant : Rabbi, mange. Mais il leur dit : J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. Les disciples se disaient donc les uns aux autres : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son oeuvre » (4: 31-34). Ils ne saisissent pas le sens du langage de Jésus et ne comprennent rien à l’oeuvre de Dieu.
Connaissez-vous cette nourriture qui est de faire la volonté de Celui qui nous a envoyés ? C’est la nourriture divine qui nous permet de subsister au milieu des difficultés et de triompher au sein des oppositions.
Faire la volonté de Dieu nous conduira à prendre une autre direction que celle de notre volonté ou celle des autres. La croix sera toujours la croix : une poutre qui en croise une autre, une qui regarde en haut et en bas et l’autre à gauche et à droite; elles se croisent et se heurtent au milieu ! Si nous voulons suivre le Maître de la moisson, le Sauveur du monde, nous serons crucifiés avec lui, nous ne ferons plus notre volonté. Nous cesserons nos arrangements habiles, nous suivrons ses pensées et non pas les nôtres. Cette nourriture est pleinement satisfaisante.
3. Les sources du réveil
- Nous croyons à la rosée et à l’aube. Ces deux miracles s’opèrent quotidiennement depuis que le monde existe, et ils se font sans aucun bruit. Vous n’avez jamais entendu l’aube. Si vous sortez de bonne heure un matin d’été, écoutez. Même si vous avez l’ouïe la plus exercée qui soit, vous ne percevez aucun son, vous n’entendez rien. Les meilleures bénédictions sont celles qui se voient et pas seulement celles qui s’entendent ! Au verset 6, il est question du puits de Jacob; c’est là que Jésus, fatigué du voyage, se reposa. C’est aussi là qu’il trouva la femme samaritaine et que se déroula toute la conversation.
Quel est ce puits de Jacob à Sychar ? J’ai trois choses simples et directes à dire :
a) C’est le lieu où Jacob est venu après sa lutte à Peniel, après que Dieu l’eut vaincu en déboîtant sa hanche et en changeant son nom en celui d’Israël (Genèse 32 : 24-32 ).
b) C’est le lieu où Jacob est arrivé après la réconciliation avec son frère Esaü (Genèse 33 : 18 ).
c) C’est le lieu où Joseph repose, dans l’attente de la résurrection, après que ses os avaient été ramenés d’Egypte (Josué 24: 32 ).
a) II n’y a pas de réveil sans repentance (cf. Osée12: 5). Il y a peut-être parmi vous lecteurs, des chrétiens qui luttent avec Dieu et ne le savent pas. Les circonstances sont contre vous; vous vous battez et vous ne savez pas que vous luttez contre Dieu. Votre famille est contre vous; vous résistez, et vous ne savez pas que c’est Dieu qui lutte contre vous. Vos points forts, comme vous les appelez, sont pour Dieu vos points faibles. Il veut déboîter votre hanche, changer votre vie, courber votre volonté. Cessez de dire non, cédez devant le Sauveur, il veut vous donner un nom nouveau comme il l’a fait pour Jacob.
b) II n’y a pas de réveil sans réconciliation. Celle de Jacob avec Esaü est une image de tout ce qui reste en suspens dans les relations entre frères en Christ. Jacob a fait les choses à fond. Nous lisons en Genèse 33 qu’après avoir mis en tête ses enfants avec leurs mères, « lui-même passa devant eux; et il se prosterna à terre sept fois, jusqu’à ce qu’il soit près de son frère » (v. 3). Alors ce dernier, touché par son humiliation, courut à sa rencontre et l’embrassa. Ils ont même pleuré les deux. Et Jacob put dire : « J’ai regardé ta face comme on regarde la face de Dieu » (v. 10). Où en sommes-nous par rapport à ce récit ? Laissons Dieu opérer dans nos coeurs avant de lui présenter notre offrande (cf. Matthieu 5 : 24 ).
c) II n’y a pas de réveil sans résurrection. Dans l’Evangile de Jean, il s’agit d’une rencontre avec le Seigneur lui-même. C’est à dessein que le récit inspiré mentionne l’absence des disciples à Sychar. Comme ce fut souvent le cas, Jésus fut seul avec cette femme, seul plus tard avec la foule.
Les sources du réveil coulent lors d’un face à face avec. le Seigneur. Nous pouvons être bénis collectivement, mais la rencontre personnelle entre Dieu et nous est encore plus importante. C’est parce que Jésus et cette femme étaient à l’écart que Jésus a pu accomplir son oeuvre en elle.
- Cette rencontre individuelle avec Jésus conduit à l’acceptation de sa Parole. Le Seigneur a réveillé la soif spirituelle de cette femme en lui disant : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif » (Jean 4:13 ). Si sacré que soit le souvenir de Sychar, si bénis qu’en soient les faits historiques, ce n’est pas le passé qui satisfait et suffit : « Mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en Iui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau » (v. 14-15).
- Notre coeur ressemble au puits de Jacob. Il est impénétrable, mais le Seigneur a la capacité de plonger ses regards jusque dans les coins les plus secrets. Dans le vôtre comme dans le mien, il y a des profondeurs que nous ignorons quelquefois. La révélation en est déplaisante mais indispensable. Nous pourrons alors dire : « Sei- gneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici » (v. 15). Quand cette prière monte d’un coeur ainsi exercé, la parole du Psaume 81 : 11 répond : « Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait monter du pays d’Egypte; ouvre ta bouche, et je la remplirai. »
- La Samaritaine a cru à la promesse de Jésus; aussi le Seigneur va plus loin en mettant sa vie morale à nu avec cet impératif : « Va… appelle ton mari, et viens ici » (Jean 4: 16 ). Démasquée, la femme se réfugie dans le passé, les traditions et la loi : « Nos pères ont adoré sur cette montagne; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem » (v. 20). Cette femme reconnaît son péché et le prouve par la déclaration suivante : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait; ne serait-ce point le Christ ? » (v. 29).
- La Samaritaine a mis sa confiance en Jésus. Elle a accepté son jugement et elle a abandonné sa cruche. Son métier consistait peut-être à tirer l’eau du puits mais sa découverte est si grande qu’elle se sépare de sa cruche pour aller témoigner de Jésus aux gens de la ville. Nous avons tous une cruche à laisser. Cela peut représenter beaucoup de choses; cependant la force qui est en Jésus-Christ nous permet de les quitter.
4. La manifestation du réveil
La lecture du chapitre nous montre que toute la ville a été touchée par la grâce de Dieu. Tous les gens sont sortis. Voyons un peu dans le détail.
- « La femme, ayant laissé sa cruche, s’en alla dans la ville » (v. 28). Que signifie pour vous et moi aller dans sa ville ? C’est témoigner dans notre famille, notre milieu, notre Eglise, notre Œuvre, dans l’obéissance et la ferveur après avoir remis de l’ordre dans nos affaires. Sommes-nous prêts à porter l’opprobre dans le monde et aussi dans l’Eglise ?
- « Ils sortirent de la ville, et ils vinrent vers lui » (v. 30). La grâce a enlevé les barrières, la vérité a rompu les chaînes de préjugés de telle façon que les habitants vont à Jésus en plein jour et aux yeux de tous.
- Plusieurs Samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de cette déclaration formelle de la femme : II m’a dit tout ce que j’ai fait » (v. 39). Une question nous est posée : Lorsque nous serons au ciel au sein de la communauté des rachetés, combien seront là à cause de nous ? La réponse dépend de notre engagement pour le Seigneur et de notre déclaration de foi dans notre ville.
- Le récit se termine sur une note de bénédiction générale : « II resta là deux jours. Un beaucoup plus grand nombre crurent à cause de sa parole; et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons; car nous l’avons en- tendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde » (v. 40-42). Vous comprenez mieux le titre de notre étude; tous les signes d’une visitation d’en haut sont là :
– il resta là deux jours : il est présent en personne;
– ils crurent à cause de sa Parole; elle a engendré la foi;
– nous l’avons entendu nous-mêmes : pas d’intermédiaire entre le Seigneur et nous;
– nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde : la révélation éclatante de sa gloire et sa grâce ont chassé les doutes.
Le Seigneur Jésus a reçu dans cette ville un accueil qu’il n’a pas trouvé plus tard en Galilée, malgré de nombreux miracles et des signes évidents. Aucun fait extraordinaire n’est mentionné à Sychar. Sa présence et sa parole ont suffi pour réveiller toute une ville en perdition.
Voir aussi : Action Biblique Suisse et Action Biblique Suisse Historique